Yves Bayle

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L’avis d’Yves Bayle sur la situation économique actuelle !

Pourquoi le prix de pétrole n’arrête pas de grimper ?

La hausse du prix du pétrole s’explique globalement par une inadaptation entre l’offre et la demande.

Depuis plus de 10 ans, les investissements des grands groupes pétroliers dans l’exploration et l’exploitation de nouveaux gisements fossiles se sont quasiment arrêtés tout simplement afin de mettre en adéquation leurs stratégies avec les dispositions voulues par les États concernant la transition écologique. En clair, ces groupes ont investi leurs ressources dans le développement d’énergie non fossile au lieu de les consacrer à augmenter leurs capacités de production. La production mondiale actuelle de pétrole est quasiment à son maximum.

Cette situation a contribué, avec la reprise économique (donc demande accrue de pétrole) post COVID à créer une tension des cours, dans un marché avec une offre stable.

A ceci vient se greffer le conflit russo-ukrainien et l’embargo décidé par l’Europe et les USA. Cette décision a entrainé une flambée des cours car l’offre sur le marché n’est pas suffisante sans le pétrole russe.

Même les démarches politiques visant à demander aux principaux pays producteurs d’augmenter leur production, comme nous l’avons vu récemment, n’ont pas amené une réponse satisfaisante car la capacité de production actuelle ne peut pas absorber la quantité de pétrole russe manquant.

Par conséquent, le pétrole devrait, malheureusement pour les économies occidentales, se maintenir à un niveau élevé voir continuer encore de grimper surtout si le conflit russo-ukrainien et les sanctions y relatives perdurent au-delà de l’hiver prochain.

 

L’euro a faibli par rapport au dollar, que ce que cela signifie pour l’Europe ?

L’euro a faibli contre le dollar pour deux raisons principales : le conflit russo-ukrainien car la zone euro est fortement dépendante du gaz russe et la politique monétaire accommodante de la BCE qui contrairement à la FED n’envisage pas une forte hausse des taux d’intérêt afin de lutter contre une inflation très élevée. La FED devrait continuer à augmenter ses taux d’intérêts pour les porter aux alentours de 2.75% alors que la BCE envisage au mieux de les porter à 0.75%. Ce différentiel de rendement pousse à réorienter les actifs en USD et contribue à affaiblir l’euro.

Cette chute de l’Euro face au USD rend la plupart des produits importés plus chers. Le pétrole et le gaz,( l’énergie donc), étant traité en USD, la baisse de l’euro provoque, pour la zone euro, une seconde ‘punition’ qui s’ajoute à la hausse des cours.

L’économie n’est finalement que de l’énergie transformée ; l’énergie devenant chère, les consommateurs finaux de la zone euro doivent supporter une inflation croissante.

Seules les entreprises manufacturières de la zone euro qui exportent massivement pourront profiter de la baisse de l’euro.

 

L’inflation est très haute cette année, est que ce trend va continuer les années suivantes? Le commencement d’une récession ?

Le problème de l’inflation actuelle est qu’elle n’est pas due à une surchauffe de la consommation, tout au moins en Europe, mais qu’elle trouve son origine dans ce qu’on appelle des chocs d’offre, un déséquilibre entre l’offre et la demande. En l’occurrence, la désorganisation des chaînes de production post-Covid, et l’augmentation des prix de l’énergie et des matières premières liée à la reprise post-Covid et accentuée par le conflit russo-ukrainien.

Afin de contrôler l’inflation, les banques centrales disposent principalement du levier des taux d’intérêt. En les bougeant, elles cherchent à influer sur la consommation, donc sur la croissance : plus les taux sont faibles, plus le cout de l’argent est bon marché et plus l’activité sera soutenue… et inversement.

Or, sur ces chocs d’offres que nous subissons actuellement, les banques centrales ont très peu de prise… si elles augmentent les taux de manière trop agressive afin de corriger l’inflation, elles peuvent provoquer une forte baisse de la consommation voir créer une récession ce qui n’est bien sûr pas l’objectif.

Dans un contexte d’incertitude élevée –quid du conflit russo-ukrainien et de l’embargo sur le pétrole et le gaz russe–, savoir à quel niveau la BCE va pouvoir porter ses taux afin de lutter efficacement contre l’inflation sans provoquer de récession est difficile.

À mon sens, si le conflit perdure, le risque de récession en Europe est réel.

 

Ta projection pour le futur :

 

Voiture électrique

Le couperet est tombé, en 2035 voir 2036 pour certains, les voitures produites en Europe devront être tout électrique. Je reste stupéfait par cette décision que je juge dangereuse. Je ne suis pas opposé à l’électrique, je reste opposé au tout électrique. L’empreinte carbone des voitures électriques si nous considérons l’ensemble de la vie de ce type de véhicule n’est absolument pas favorable. Soyons réaliste : le cobalt, lithium et manganèse entrant dans la composition des batteries sont exploités en Afrique, la fabrication des batteries est réalisée en Chine. Déplacer l’emprunte carbone n’est certainement pas la solution. l’Europe devra faire face graduellement jusqu’en 2035 à une forte augmentation de la consommation d’électricité afin quelques centaines de millions d’utilisateurs puissent recharger les batteries de leurs voitures. Comment allons-nous produire l’électricité nécessaire ? Bruler plus de charbon, augmenter le nombre de réacteurs nucléaires ? Enfin arrive l’épineux problème du recyclage des batteries en fin de vie, et notamment le traitement des minéraux pollués…… Mais ce n’est pas tout :l’industrie automobile représente directement en Europe plusieurs millions d’emplois qui seront affectés profondément. Une aberration économique.

Les voitures hybrides, le carburant de synthèse aujourd’hui développé par des constructeurs européens, ou encore l’hydrogène sont d’autant de solutions qui à mon sens auraient été aussi voire plus efficaces que le tout électrique. L’écologie est un combat noble, la bonne santé économique d’un pays est primordiale.

 

Les pays occidentaux vont-ils rester les leaders dans les marchés financiers?

Ils ne le sont déjà plus. Les marchés financiers attachent plus d’importance à l’économie des deux premières puissances mondiales, les USA et la Chine. La ‘vieille’ Europe sombre dans des compromis éco-politiques à répétition qui polluent la visibilité économique et accroissent l’incertitude. Or les marchés financiers détestent l’incertitude. Quand les USA ou la Chine éternuent, l’Europe s’enrhume……

 

Chine, où voit tu ce pays dans 25 ans ?

La Chine est devenue l’une des puissances politiques et économiques les plus influentes. Dès lors, la capacité de ce pays à soutenir un développement durable est un enjeu primordial.

Plusieurs scénarios existent, pour ma part, je pense que le pouvoir central restera fort et réussira, par son pragmatisme combiné à une plus grande ouverture, à garder une économie florissante. Face à ce nouveau géant, chaque pays à l’exception des États Unis pèse peu et pèsera encore moins. La Chine devrait devenir la première puissance mondiale en matière de PIB dans les 10 prochaines années.

 

Yves Bayle